Tribune libre sur la R&D - mai 2012
Nous savons à quel point il est essentiel de développer la R&D dans la nouvelle économie.
Ce constat concerne aussi les secteurs de l'audiovisuel et du numérique. En particulier quand il s'agit de création.
Il faut ainsi, aujourd'hui encore plus qu'hier, mobiliser des moyens importants en amont, avant la production, en recherche et développement sur les projets de création.
Pour écrire, mettre au point les dispositifs télévisuels, fabriquer des maquettes, des « pilotes », des numéros « zero »...
Or la France, en cette matière est en retard. Elle investit en R&D à peine plus de 3% des sommes consacrées à la production audiovisuelle. Très en retard par rapport à des pays européens comparables comme la Grande Bretagne, l'Allemagne ou les pays d'Europe du Nord. Certes un effort a été fait dans notre pays sur les dernières années, pour financer davantage le développement en matière de création audiovisuelle.
Après les aides à l'écriture, ont été en effet ainsi mises en place celles à la préparation, à la fabrication des pilotes en fiction...
Mais les sommes en jeu restent nettement insuffisantes. Et la France, n'a pas développé une nouvelle industrie des programmes audiovisuels, celle des « formats » en particulier dans l'univers de la création de fictions ou de documentaires.
Or nous devons constater que le marché des « formats » est de plus en plus important. C'est celui qui connaît la plus forte croissance en particulier à l'exportation. Notre voisin la Grande Bretagne est le premier pays dans ce domaine.
La mise au point des « formats » demande des moyens en R&D particulièrement importants.
Il s'agit en effet de financer la recherche et le développement non seulement de la documentation, de l'écriture, mais aussi des concepts et des « pilotes » et de tester ceux-ci sur différents marchés nationaux.
Ajoutons qu'à l'heure de la convergence numérique et de la « tv connectée », la création audiovisuelle devient de plus en plus hybride associant télévision et Internet. Cette création doit être capable en particulier de se déployer sur les différents écrans et les multiples réseaux.
La création audiovisuelle d'aujourd'hui demande ainsi beaucoup plus de moyens en R&D qu'auparavant. Et tous les genres télévisuels sont touchés par cette mutation vers l'hybridation. Notamment les formats.
Certes en France il existe des dispositifs puissants pour financer la R&D. Notamment quand il s'agit de technologie et de la filière du numérique. Notamment dans le cadre des « investissements d'avenir » liés au « grand emprunt » ou du Crédit Impôt Recherche.
La numérisation de contenus préexistants a été encouragée. Le développement de technologies numériques d'interface contenus-réseaux a été financé.
Mais rien n'a été prévu pour la nouvelle création audiovisuelle hybride.
Ainsi pour relever le défi central de la R&D dans le domaine de la création audiovisuelle hybride, notamment dans l'industrie des « formats », entre des financements insuffisants du coté de l'audiovisuel et des financements inadaptés du coté du numérique, il manque un nouveau dispositif qui réponde à ces nouveaux besoins.
Le Club Galilée « Think Tank » sur les médias avec l'ensemble des professionnels a préparé et mis au point deux dispositifs complémentaires : un nouveau lieu d'incubation hybride de partage de compétences et d'expériences et l'adaptation du Crédit Impôt Recherche à cette nouvelle création audiovisuelle à l'exemple de l'industrie de la mode qui bénéficie de ce mécanisme de financement.
Ces propositions permettront ainsi aux auteurs et aux producteurs de l'audiovisuel et du numérique de relever les défis futurs de la convergence numérique et de la « tv connectée » en matière de création.