Rapport du Club Galilée sur l’Audiovisuel et l’Outre-mer : « Améliorer la visibilité des Français originaires d’Outre-mer, Rôle et place de l’Audiovisuel »
Retrouvez le rapport du Club Galilée remis le 29 mai 2009 à Patrick Karam, Délégué Interministériel pour l’intégration des Français originaires d’Outremer.
L’Audiovisuel en Outre-mer va connaître sur la période à venir avec l’arrivée programmée de la TNT une évolution radicale. En effet les chaînes gratuites nationales métropolitaines seront alors distribuées dans les DOM et les TOM.
Cette arrivée des chaînes construites pour l’Hexagone, éloignées donc des réalités de ces territoires sera d’abord un choc culturel, social, identitaire pour ces territoires et leurs populations. Il ne nous semble pas possible de laisser la perspective de la TNT se rapprocher sans réagir sur le plan politique, culturel et médiatique en préparant et en anticipant cette échéance.
Il s’agit de mettre en place un dispositif qui permette le développement de la production et de la création ultramarine, et son exposition sur les antennes mêmes qui vont arriver de l’Hexagone. Conserver la spécificité d’un Outremer audiovisuel, c’est aujourd’hui aligner son encadrement juridique sur les cadres nationaux qui ont tellement bien réussi à la production métropolitaine.
Cette évolution va recomposer complètement le marché audiovisuel de l’Outre-mer, avec en première ligne des conséquences lourdes sur le réseau RFO, les chaînes locales privées, et les bouquets de chaînes par satellite.
Si rien n’est fait, le paysage de la production, déjà fragile, risque d’avoir à subir des conséquences directes de la dilution de l’audience des chaînes spécifiquement ultramarines. Leurs capacités de production propre risquent d’être affaiblies, et l’invasion des programmes métropolitains risque donc de se faire au détriment des producteurs locaux. Développer la TNT sans une politique d’accompagnement des effets de l’élargissement du nombre de chaînes diffusées, ce serait mortel pour le faible tissu de production ultramarin.
Il importe donc de mettre en œuvre, pour la première fois, une véritable politique audiovisuelle pour l’Outre-mer, avec une série de mesures simples mais indispensables, qui permettront à l’industrie audiovisuelle ultramarine de se mettre au niveau des concurrences nouvelles qu’elle va devoir affronter.
Nous proposons d’articuler nos propositions autour de cette perspective en tenant compte bien entendu à la fois de la crise actuelle et de la nécessaire sortie de celle-ci qu’il faut préparer dès maintenant et enfin des spécificités de ces territoires.
C’est donc une approche professionnelle que nous privilégions en affichant cette perspective comme échéance majeure et cette hiérarchie des priorités.
Pour nous l’Audiovisuel en Outre-mer doit être réorganisé de manière urgente pour faire face à cette échéance de l’arrivée de la TNT. Celle-ci doit être considérée comme une chance pour la production. Mais cela n’a de sens que si les conditions actuelles évoluent.
Il est clair que parmi ces conditions le rôle de RFO doit être repensé. Cette société ne peut plus être pour l’essentiel le relais de programmes métropolitains qui arriveront avec la TNT directement portés par leurs chaînes d’origine. RFO doit devenir un vrai réseau de télévisions publiques des DOM TOM, organisées en syndication, ainsi qu’un pôle d’investissement dans la production et de diffusion des productions ultra marines.
L’arrivée de la TNT dans ces territoires est aussi l’occasion de se poser la question de la place de la création et de la production ultra marine sur l’ensemble des chaînes de la TNT dans les DOM TOM bien entendu mais aussi...en Métropole. Enfin la visibilité sur les antennes nationales à la fois des réalités locales, avec l’information, et des talents ultra marins, constitue un enjeu à la fois culturel (de création) et social (de reconnaissance de la diversité).