Le Club Galilée interroge régulièrement, au moins un fois par an, en Juillet de préférence ses membres pour connaître leurs réactions et leurs propositions en matière de programme de sessions et de thématiques à privilégier.
A titre d'exemple voici le compte rendu des débats qui ont eu lieu à mi 2012 :
Le club Galilée a organisé une dernière séance avant la pause de l’été, où il a proposé de faire le bilan de la saison de réflexions qui s’achève et d’ouvrir la discussion sur les objectifs prochains du Club et les thèmes qui doivent être abordés à la rentrée. Ce débat est animé par Olivier Zegna Rata et Philippe Chazal. Il va être l’occasion d’un large tour de table avec les membres présents. Cette année, Le Club a orienté ses travaux selon 3 axes : • L’Etat de l’art permanent, de la création et de ses évolutions • Les questions d’actualité, ce fut le cas notamment avec les sessions sur la TV connectée • Les mutations des métiers et des entreprises, entre autre dans le cadre de la convergence numérique Cette triple démarche a animé le Club cette saison dans le cadre du rythme soutenu d’une séance par mois avec aussi des tables rondes hors les murs qui ont rassemblé un large auditoire venu d’horizons différents. L’objectif de cette séance de bilan est de permettre à chacun de trouver ce qu’il attend d’un think tank. Olivier Zegna Rata précise qu’il est important que le Club se fasse le relai des réflexions des membres ainsi que des travaux qui sont publiés en dehors du cadre du Club. Dans cette perspective, le Club Galilée doit faire suivre l’information et communiquer sur ces travaux et parutions. Les métiers de l’audiovisuel et de l’internet subissent des mutations. Dans ce contexte, l’idée d’approfondir la réflexion sur l’hybridation des contenus et des productions est confirmée. Le Club a toujours recruté de nouveaux membres par le bouche à oreille, dans un phénomène d’agrégation, il doit aussi renforcer sa mixité en conviant autour de la table des personnes d’univers différents, cette diversité est source de richesse. Le Club a pour objectif, c’est plus ou moins visible, de devenir un acteur de l’évolution, de se mettre au service des professionnels dans le domaine de la création et du numérique. Une plateforme transverse de recherche et développement a été présentée dans le cadre des investissements d’avenir dans le domaine de la création hybride qui propose des outils mutualisés pour les acteurs du secteur. L’objectif est de mettre au point au service de la production audiovisuelle une plateforme partiellement financée par l’Etat. Hybridation et création numérique à tous les niveaux pour l’ensemble du tissu des producteurs. Il faut prendre aussi en compte le lieu qui héberge nos sessions, c’est-à-dire le Centre d’analyse stratégique qui nous accueille depuis le début et ainsi veiller à produire une réflexion utile pour les pouvoirs publics. C’est ce qui a été fait en 2010, lorsque le Club a organisé une réflexion collective sur la fiction suite à une demande des pouvoirs publics. Le rapport qui avait été remis avait conduit à un changement en matière de formation professionnelle des auteurs, à l’accès de ceux-ci enfin au dispositif commun de formation professionnelle. Le rapport préconisait également de faire de l’audiovisuel un secteur industriel stratégique. Cela n’a pas eu pour le moment d’écho, on peut considérer néanmoins que le projet de plateforme R&D porté par le Club au près des pouvoirs publics est une réponse possible et partielle à cette problématique.. Parmi les membres présents autour de la table, Maître Bigle propose plusieurs idées de thème notamment sur la notion de format et leur protection juridique mais aussi les doubles virtuels dans les œuvres audiovisuelles en motion capture qui posent des questions artistiques et éthiques. La Commission qu’il préside cherche des solutions immédiates à des questions qui se posent avec le numérique. Maître Bigle suggère également que cette Commission collabore aux travaux du Club. Laurent Fonnet demande quelques précisions sur la plateforme R&D. Il lui est répondu qu’elle permettrait de mutualiser des compétences à la disposition des producteurs pour un coût financier moindre. A la différence d’un prestataire de service, la plateforme interviendrait en amont au début du projet pour proposer des outils adéquats et ainsi gagner du temps, pour aider à passer le pas vers le numérique. Philippe Chazal insiste sur cet élément : la plateforme R&D a pour but de combler un vide entre le CNC er Cap digital, c’est-à-dire entre le financement des œuvres et celui des technologies. Un vide que la Grande Bretagne est parvenue à combler avec la notion de marque et de format. Cap digital en effet a été conçu pour les nouvelles technologies et on voit bien aujourd’hui que, concernant le secteur, le centre de gravité se déplace vers le numérique et l’industriel. Jean-Marc Dorangeon revient sur la fonction de relai de l’information du Club et suggère la mise au point d’un réseau social autogéré qui permettrait d’augmenter les échanges entre les membres et d’apporter des contributions aux thèmes abordés pendant les séances. Un projet qui viendrait nourrir la réflexion du Club. Sur la question de la formation, Le Club Galilée a testé des lieux d’enseignement dans le cadre des masters communication et médias afin que les travaux puissent nourrir en amont l’enseignement supérieur. Cela témoigne aussi de la volonté du Club de proposer un lieu qui réunit toutes les générations, un lieu propice à la transmission d’expériences. Un élément jugé clé pour le secteur. Les échanges avec les nouvelles générations venues du numérique sont assez réduits, le Club souhaite travailler sur une forme de tutorat. En complément de l’enseignement, le Club a développé la formation professionnelle. Laurent Fonnet avertit qu’il s’agit parfois de projets compliqués car il place le Club en situation de concurrence avec d’autres acteurs majeurs. Dans ce contexte, la mise en place d’un partenariat avec l’INA par exemple semble être une piste à étudier. Nous remarquons que l’offre de formation a souvent du retard par rapport au secteur, il faut donc réfléchir à une offre souple qui tient compte de l’actualité et est capable de réagir et s’adapter rapidement aux évolutions. Ces éléments permettent de dessiner une politique de formation qui aurait trois composantes : • Tenir compte de l’actualité et proposer des offres en adéquation avec les nouvelles tendances • Proposer un état de l’art à destination des professionnels • Privilégier la reconnaissance des professionnels et ainsi défendre l’idée que ce soit des professionnels qui interviennent plutôt que des formateurs A travers ses séances notamment sur la téléréalité, la création digitale ou encore la web-fiction, le Club Galilée propose un état de l’art permanent très utile pour les professionnels. Il faut savoir en effet que la plupart des producteurs ou des acteurs ne bénéficie pas de cet état de l’art. Seuls les grands diffuseurs ont en effet les moyens de financer une prestation de ce type. Le club permet une sensibilisation aux nouveaux contenus et services actualisée. IL y a un paradoxe entre la valeur qui repose sur la qualité professionnelle des personnes et le secteur très archaïque du point de vue social. Philippe Chazal remarque que les représentants de la plupart des syndicats professionnels de salariés sont absents des réflexions. Pascal Perzo perçoit le Club comme un métaréseau qui permet de regrouper des cercles et des acteurs du secteur afin soit de tester des idées en amont de remise de rapports, soit de favoriser la diffusion d’idées. Tous sont d’accord pour souligner aussi la nécessité sinon d’internationalisation (à travers le FIPA notamment) en tout cas d’européanisation du Club. Un métaréseau également tourné vers l’enseignement et les universités pour notamment associer pratique et recherche. Philippe Chazal souligne que le regroupement des établissements supérieurs et écoles professionnelles destinés aux médias du point de vue du secteur professionnel est à construire. Keita Stephenson, ancien secrétaire du Club, rappelle les fonctions d’un think tank : un lieu capable d’anticiper les questions du secteur, de les matérialiser de manière pertinente et de faire intervenir des réseaux, des cercles professionnels. Olivier Zegna Rata poursuit dans cette voie et ajoute qu’une réflexion indépendante de l’Etat et de l’intérêt de certains grands groupes peut être très précieuse pour concevoir une politique européenne de l’audiovisuel et du monde culturel. En étant ni la voie de la France, ni la voie d’un grand groupe, le Club détient une pouvoir de préconisation plus fort. Mais pour cela, il est également indispensable de s’investir plus massivement dans la médiatisation de ce travail afin qu’il soit l’objet d’une visibilité au moins nationale. Parmi les orientations du Club, deux projets se détachent. D’une part, la volonté de positionner le Club en organisme indépendant de l’évaluation des politiques publiques. Notamment pour interroger la pertinence actuelle des dispositifs déjà anciens d’un secteur qui a pourtant considérablement évolué. Le Club avait initié ce travail en début d’année 2012 en organisant une séance sur ce thème, un table ronde à laquelle sénateurs et députés étaient conviés. Le Club Galilée doit prendre en charge la réflexion sur opposition entre création et concentration qui voudrait que la puissance économique annule la diversité et l’innovation. Casser les groupes français qui atteignent une taille internationale n’est pas la solution. Le débat se concentre ensuite sur la notion d’exception culturelle, un dispositif très efficace dans les années 90 qu’il faudrait aujourd’hui revisiter car il est devenu un handicap au regard de la mondialisation et l’internationalisation des échanges. Prenons l’exemple d’un dispositif qui fonctionne pour les autres et auquel noter secteur n’a pas accès. Le crédit d’impôt par exemple. Aujourd’hui, des films français sont entièrement tournés à l’étranger, c’est le cas du dernier film de Marjane Satrapi « Poulet aux prunes » tourné dans son intégralité en Allemagne. Le revers de l’exception culturelle est de penser que des dispositifs d’autres secteurs quand il s’agit d’industrie d’activité ne pourraient pas être adaptés aux médias, en témoigne la tentative d’évolution du Crédit impôt recherche pour la R&D audiovisuelle autre projet que le club porte. La séance s’achève sur l’éventualité d’une nouvelle loi audiovisuelle. Il y a en fait deux fenêtres législatives, une première qui serait l’occasion de réformer la gouvernance de France Télévisions et le fonctionnement du CSA. A l’automne. Et une seconde fenêtre au printemps 2013.En réalité, Olivier Zegna Rata le rappelle, c’est l’ensemble de la loi de 1986 qui est potentiellement à réformer. La seconde fenêtre législative devrait avoir lieu en 2013 et porter sur les droits audiovisuels. Cette séance de bilan a permis de rappeler les axes fondamentaux du Club, c’est-à-dire l’état de l’art permanent, le traitement de l’actualité et la préoccupation de l’évolution des métiers du secteur et des compétences. Ensuite l’extension du club en amont avec l’enseignement universitaire et en aval avec la formation professionnelle. Les projets structurants que porte le Club de devenir plus qu’un lieu de réflexions comme la plateforme R&D et l’évolution du crédit impôt recherche. Elle a en outre souligné la volonté du Club d’accentuer la diversité des membres et des panels afin de multiplier les points de rencontres des différentes générations, de mettre en place un tutorat, et de tirer de cette mixité un enrichissement des réflexions et des travaux du Club. Dans cette perspective, le Club souhaite continuer à proposer des séances hors les murs et poursuivre sa collaboration aux événements qui marquent l’année comme il l’a fait avec la Social media week et le festival Futur en Seine. Le débat a également mis en exergue la nécessaire européanisation du Club dans le but d’être plus visible et d’accroître son pouvoir de préconisation. Et que le Club devienne davantage un métréseau. Les membres peuvent s’ils le souhaitent faire des propositions de thèmes pour les séances de la rentrée 2012, qui, avec le projet de loi audiovisuelle et la convergence numérique qui s’accentue s’annonce chargée.